„La dépression moderne” – c’est comme ça que nous appelons l’anhédonie aujourd’hui, la perte de savoir comment se réjouir de petites choses et de ressentir la joie. Les gens qui travaillent trop en souffrent le plus, ou bien ceux qui vivent dans le stress, trop stimulés ou avec trop d’informations. Personne n’en informe le médecin, puisque „qui va voir le médecin pour une petite tristesse” ? Quels sont les symptômes de l’anhédonie et comment y remédier ?
Anesthésie émotionnelle
Le terme anhédonie (du grec : an – « sans », hédonie – « plaisir ») a été créé par le psychologue et philosophe français Théodore-Armand Ribot en 1896 pour décrire les troubles de psychologie sociale, pas seulement la dépression. Pour résumer la définition, anhédonie représente l’absence de sensation de bonheur résultant de la vie au quotidien. En psychiatrie elle se définit comme un état dans lequel un patient se retrouve avec une capacité limitée, ou même une incapacité totale à ressentir la sensation de plaisir – autant sensorielle qu’émotionnelle, intellectuelle ou spirituelle. L’absence d’euphorie ou de plaisir peut se manifester dans différentes situations, mais les exemples les plus triviaux sont la rencontre avec des proches, la réalisation des activités quotidiennes habituelles. Les malades vont éviter la confrontation avec d’autres personnes, de passer du temps avec les autres, d’aller au cinéma, à des expositions, ou même au magasin. Les personnes souffrant d’anhédonie peuvent également ressentir „une anesthésie émotionnelle”, une indifférence, un manque d’empathie ou de sensations positives autant que négatives.
Anhédonie et dépression
L’anhédonie fait partie des manifestations les plus fréquentes de la dépression, c’est pourquoi il ne faut pas la négliger. Une non compréhension sociale de ce qu’est la dépression peut néanmoins rendre le diagnostic plus difficile et ralentir la mise en place d’un traitement. Et bien que médicalement la dépression soit déjà connue depuis Hippocrate, sa définition est restée floue, et donc la reconnaissance des symptômes ou des comportement symptomatiques est parfois compliquée. Il y a seulement 30 ans, les malades souffrant de dépression étaient associés à des personnes âgées, ayant terminé leur carrière professionnelle, souffrant du syndrome de personnes ayant « quitté leur nid » et commençant à souffrir de manière somatique. Aujourd’hui la dépression est le plus souvent diagnostiquée chez les personnes dont l’âge est compris entre 20 et 40 ans et touche un homme sur dix et une femme sur cinq. Beaucoup de femmes connaissent une dépression 3 ou 4 mois après avoir donné naissance à un enfant, lorsqu’elles ont trop d’obligations, et les hommes – après leur première bataille perdue contre quelque chose d’important (par exemple leur emploi). La dépression est devenue aujourd’hui une maladie de civilisation, qui se place en 3ème position après les maladies de la circulation et les cancers, mais on pense qu’en 2030 elle se trouvera en 1 position (pour les femmes et les zones urbaines, elle est déjà en première place). C’est le prix à payer pour notre mode de vie et notre course permanente.
Anhédonie, dépression et sommeil
La dépression est associée, avec raison, avec la mélancolie, à une perte de l’activité et de la motivation, de l’appétit, de poids ou des besoins sexuels. De nos jours se manifestent de plus en plus des versions allégées de la dépression, avec les mêmes symptômes mais moins prononcés, résultant d’une utilisation abuse des possibilités corporelles. Le symptôme le plus rencontré de „dépression atypique” est une trop grande activité et un fonctionnement permanent, sans instant de plaisir résultant de ses propres actions. Un dérèglement de l’horloge biologique l’accompagne très souvent, ou encore un dérèglement entre le temps passé au travail et le temps de repos. Être très actif est très important pour le bien-être émotionnel, mais dépasser certaines limites peut être très dangereux. Tout d’abord, suivez une routine qui vous permette de vous reposer et que vous pourrez réellement appeler „routine”, pendant laquelle vous avez le temps pour vous relaxer ne serait-ce qu’occasionnellement. Les examens sont sans appel – les personnes qui dorment moins de cinq heures par jour ont sept fois plus (!) de risque de souffrir de dépression ou d’anhédonie que les personnes qui dorment environ huit heures. Il suffit de quelques nuits blanches pour que le risque soit multiplié par 1,5 ! Il faut donc sans hésiter prendre soin de son hygiène du sommeil, et traiter le repos comme l’une de vos priorités sur la liste de vos obligations. Aujourd’hui nous disposons de plein d’outils et de possibilités, grâce auxquelles bien dormir n’est pas une perte de temps, mais un plaisir !