Le premier sens qui se développe, et ce dès le stade fœtal est le toucher. Le corps d’un adulte a une surface d’environ 2 m², sur laquelle se trouvent plus de 70 millions de récepteurs responsables de la sensation de pression. Bien que nous n’y pensions pas beaucoup au quotidien, il est indéniable que nous avons besoin du toucher sous la forme d’une étreinte, d’un câlin ou d’une caresse pour survivre, et dans tous les cas pour rester en bonne santé. Ce principe ne s’applique pas seulement aux bébés et aux jeunes enfants. À chaque étape de la vie, notre corps a besoin d’être touché, mais nous ne le manifestons pas toujours.
Le toucher et la proximité pour l’enfant
Premier sens à se développer chez les nourrissons, le toucher est d’une grande importance pour le bon développement d’une jeune personne. Au tout début de la vie, le toucher est responsable de la production de connexions entre les neurones. Ce sont ces connexions qui sont responsables du développement de l’intelligence. Selon un psychothérapeute américain, les enfants ont besoin de quatre câlins par jour pour survivre, de huit câlins pour se sentir bien et d’au moins douze pour se développer correctement.
C’est pourquoi les enfants doivent être cajolés dès la naissance et recevoir une dose appropriée de proximité chaque jour. Un enfant câliné se calme plus facilement et s’endort mieux, car il peut sentir les battements du cœur, la respiration et la chaleur de la personne qui le câline. La pratique consistant à câliner l’enfant quelques instants après sa naissance a contribué à réduire la mortalité infantile. La proximité stabilise le rythme cardiaque et respiratoire, augmente l’immunité et a un effet bénéfique sur le développement physique et émotionnel de l’enfant. Peu importe qui cajole l’enfant. Il a simplement besoin d’un certain degré de proximité au quotidien.
L’ocytocine – l’hormone de l’amour
Pourquoi les câlins et la proximité en général nous procurent-ils du plaisir ? Parce que le contact étroit avec une autre personne favorise la sécrétion d’hormones, dont la plus importante est l’ocytocine. Cette hormone, produite par l’hypophyse, permet de s’accorder l’un à l’autre. Chez les parents, le taux d’ocytocine augmente lorsqu’ils touchent fréquemment leur bébé ou même lorsqu’ils regardent simplement des photos de leurs enfants. L’ocytocine nous met dans un état d’esprit positif vis-à-vis de l’autre personne et nous permet d’être plus compréhensifs et disposés à communiquer.
Chez les enfants, cette hormone entraîne un fort attachement. Elle est libérée lorsque le bébé est pris dans les bras et câliné, lorsque nous le caressons et lui adressons tendrement la parole. Même la simple voix chaude de la mère entendue par un bébé qui pleure a une influence sur la sécrétion d’ocytocine. Cette hormone peut donc être considérée comme une sorte d’outil thérapeutique. Elle aide à supprimer la nervosité et à établir et maintenir des liens entre les personnes. Les câlins donnent à l’enfant, mais aussi à l’adulte, un sentiment de sécurité.
Le toucher et la proximité chez les personnes d’âge mûr
Il est difficile de dire comment le besoin d’être touché diminue avec l’âge. Il semble qu’il reste à un niveau élevé, et c’est seulement le conditionnement social qui nous incite à ne pas montrer ce besoin aussi ouvertement. En Europe, nous ne nous touchons pas aussi souvent que dans certaines autres cultures. C’est parce que ce n’est pas approprié, ou parce que nous estimons que peut-être l’autre ne souhaite pas être touché, ou parce que certaines façons de voir le monde, souvent liées à la religion, suggèrent que le toucher est immoral voire même un péché.
Souvent aussi, nous n’exprimons pas ouvertement le besoin d’être touché, car nous manquons de confiance en nous. Ce besoin naturel peut nous sembler honteux ; parfois, nous ne nous trouvons pas assez séduisants pour demander de la proximité. Malheureusement, dans ce cas, le fait d’être insuffisamment touché a des conséquences sur notre état psychologique. Nous éprouvons plus fréquemment des états d’anxiété, de tristesse et d’irritabilité. Notre estime de soi est dégradée et nous nous sentons seuls. Il est difficile de vivre et d’être heureux lorsque, dès l’enfance, on nous apprend que l’intimité est quelque chose de positif et de désirable, mais qu’à l’âge adulte, nous sommes privés de ce plaisir.
Que faire lorsque nous manquons de proximité et de toucher ?
La faim de peau – voilà comment on appelle un état psycho-physique que l’on ressent, quand, en permanence, on est insuffisamment touché. Elle apparaît souvent chez les personnes âgées, après une rupture ou la perte d’un partenaire, ou après une longue séparation. C’est peut-être pour cette raison que les massages, les services de coiffure et les différents soins liés au bien-être sont de plus en plus populaires. De plus, le fait d’avoir un chien ou un chat et la possibilité presque illimitée de caresser un animal tout chaud et doux permet d’évacuer les sentiments liés à ce besoin insatisfait. D’où le court chemin vers le pouvoir magique de la caninothérapie et de la félinothérapie
Le pouvoir du toucher se manifeste également en se touchant soi-même. Lorsque nous avons mal à la tête ou que nous nous cognons le genou, nous essayons de masser l’endroit douloureux. Se frotter le corps avec de l’huile est également une activité agréable. Lorsque le toucher d’une autre personne nous fait défaut, nous nous caressons souvent nous-mêmes. Nous croisons les bras en signe de défense. Nous nous blottissons sous la couette les soirs d’automne, et pas seulement pour avoir chaud. Se caresser avec une main sur l’épaule ou la nuque, serrer ses propres genoux, s’auto-masser ne sont que quelques-uns des signes qui montrent que l’on cherche à s’offrir de la proximité par le toucher.
Le besoin d’être touché est en chacun de nous
Chez certains, il est plus faible, chez d’autres, il est plus grand, mais il est en chacun de nous, indépendamment du sexe et de l’âge. Dès l’enfance, nous recherchons la proximité et pas seulement avec une autre personne. Un bain chaud est agréable, car la chaleur enveloppe notre corps. Des peluches, un pull doux ou une couverture enveloppante, une literie délicate – toutes ces choses sont agréables au toucher, nous calment et nous donnent un sentiment de sécurité. Nous serions probablement tous plus heureux si le toucher et l’intimité étaient considérés dans la société comme quelque chose de normal et de naturel, plutôt que comme quelque chose de marginal ou d’impudique. Est-ce qu’un T-shirt avec l’inscription »Hug me » pour tout le monde serait une thérapie sociale efficace ?