Bien que nous nous efforcions d’éduquer nos enfants en permanence, de lire constamment des livres sur l’éducation et de traiter toujours la parentalité avec une grande responsabilité, nous rencontrons des situations dans lesquelles toutes nos connaissances sur la question s’envolent en même temps que nos émotions explosent en nous. Il arrive que pendant les moments difficiles, nous disions des mots qui peuvent blesser notre enfant et, pire encore, qui peuvent le marquer à tout jamais. Contrairement aux apparences, ces mots ne semblent pas a priori préjudiciables. Parfois, nous ne sommes pas conscients que nous reproduisons des schémas négatifs de notre enfance ou simplement … que nous agissons mal.
« Parce que je vais arrêter de t’aimer! »
Pour tous les enfants en bas âge, les parents sont le monde entier, le centre de leurs intérêts et de leurs sentiments. Ce sont justement eux qu’ils observent comme premier modèle à suivre et ils sont une sorte de miroir dans lequel l’enfant se regarde dès les premiers jours de la vie. On fait pleinement confiance à ses parents, une confiance grâce à laquelle le tout-petit renforce son sentiment de sécurité et d’appartenance. La monnaie d’échange, ou plutôt le chantage émotionnel « Parce que je vais cesser de t’aimer » est une destruction de ces sentiments puis une reconstruction de ceux-ci dans l’incertitude et la peur. Dans le futur, un jeune ainsi éduqué pourra manifester un manque de confiance en lui, une peur du changement ou une peur de l’abandon. Puisque nous savons et ressentons que l’amour parental est un sentiment inconditionnel, indépendant du temps, du lieu ou de la situation, pourquoi nous comportons-nous de telle façon que notre enfant ressente exactement l’inverse? Est-ce ce que c’est cela que nous entendons par « éducation »? Voulons-nous nous faire respecter par la peur?
« Ce n’est pas grave »
C’est ainsi que nous voulons le plus souvent calmer notre enfant et apaiser ses pleurs. C’est encore un exemple de la façon dont les bonnes intentions peuvent involontairement se transformer en un outil de destruction. Rappelons-nous que le seul fait qu’un enfant pleure signifie qu’il se passe quelque chose. Nous ne devrions pas sous-estimer de tels signaux! Une dispute avec une camarade de classe, un vélo renversé ou un simple état de tristesse devraient mobiliser notre attention, et non pas provoquer notre détachement. À ce moment-là, au lieu de dire que le gamin n’a aucune raison de pleurer, essayons de connaître son point de vue. Si c’est trop pour lui, il suffit de le serrer dans ses bras et d’attendre qu’il se calme. C’est vraiment facile!
« Un monsieur va venir et il va t’emmener avec lui »
Qui n’a jamais entendu cette phrase dans son enfance me jette la première pierre. Bien que cela paraisse trivial, c’est pour les parents une menace efficace permettant de faire disparaître un comportement donné. Certes, efficace, mais cela en vaut-il la peine compte tenu des conséquences ultérieures? Effrayer un enfant n’a jamais été une méthode éducative. Le plus souvent, cela est utilisé par des parents qui ne disposent pas d’autres outils, sont impuissants face au comportement de leur enfant et ne cherchent pas de solutions au problème mais choisissent le chemin le plus court. Créer de l’anxiété chez un enfant pourra faire apparaître chez lui la peur du noir, de dormir seul, un sentiment de panique dans les lieux publics quand, par exemple, les parents ne sont pas en vue.
« Calme-toi! »
Dans la plupart des cas, ce message magique provoque un comportement complètement opposé. Pour certains enfants, cela agit comme le tissu rouge pour le taureau, ne faisant qu’exacerber encore davantage leurs émotions. L’introduction d’une atmosphère d’obligation ou de contrainte immédiates pendant une situation difficile pour l’enfant lui montre que nous sommes incapables de contrôler nous-mêmes notre propre comportement et que, par conséquent, il ne peut pas compter sur nous. Nous demandons quelque chose que nous-mêmes n’arrivons pas à montrer! Au lieu de cela, respirons plutôt profondément, puis asseyons-nous pour discuter tranquillement avec lui. Lorsqu’un enfant refuse de coopérer, nous pouvons lui proposer de s’envelopper dans une couverture sensorielle apaisante, qui soulage les tensions et le met dans un état de détente.
« Quand je le dirai à ton père […] »
Donner à une personne du foyer le rôle d’autorité particulière en charge d’imposer des sanctions est très déroutant pour un enfant. Puisqu’il aime maman et papa de la même façon, comment peut-il comprendre qu’il doit avoir peur de l’un et pas de l’autre? Est-ce qu’un enfant élevé dans la peur, par exemple de son père, voudra se confier à lui ou lui demander conseil à l’avenir? Nous n’obtiendrons du respect de l’enfant seulement si nous en avons nous-mêmes. Nos enfants finissent par imiter notre comportement même quand ils ne le comprennent pas! Pour leur enseigner le respect, nous devons d’abord leur montrer ce qu’est l’empathie – pourquoi nous laissons notre place à quelqu’un dans les transports, pourquoi nous ne regardons pas la correspondance d’autrui ou pourquoi nous écoutons les gens sans les interrompre.